Fort Frontenac

Addresse : coin rue Ontario et Place d’Armes
Époque: 1850-1900

Le Fort Frontenac est un site très important dans l’histoire francophone de Kingston. Construit à l’origine en 1673 par Louis de Buade, Comte de Palluau et Frontenac, Gouverneur de la Nouvelle France, le fort exista pendant près de 100 ans et est considéré comme étant la première colonie Européenne permanente en Ontario. Placé stratégiquement à l’embouchure de la Rivière Cataraqui, à l’entrée du Lac Ontario, le fort donna aux français l’endroit idéal pour agrandir leur industrie de traite de fourrures, pour démontrer leur pouvoir militaire aux Iroquois et pour bloquer les expansions des anglais, des espagnols et des néerlandais vers le nord. Le projet d’établir un poste de traite à l’est du Lac Ontario fut commencé à l’origine par le prédécesseur du Gouverneur Frontenac, le Gouverneur De Courcelles et fut complété par Frontenac, qui lui donna son nom. Le roi de France, Louis XIV, n’approuvait pas la décision de Frontenac d’aller vers l’intérieur de la colonie pour y construire un fort, car il pensait que toutes les finances devraient être réservées pour renforcer et protéger les forts existants au Québec. Frontenac finança donc lui-même le projet sans l’aide du monarque. Frontenac croyait que le fort aiderait la France à étendre beaucoup plus son territoire tout en fournissant un poste duquel les missionnaires pourraient convertir et instruire les Indiens.

Ce fut donc sans l’approbation du Roi que Frontenac partit du Québec en juillet 1673 pour commencer son projet. Le 12 juillet 1673, ses hommes et lui furent reçus par les Iroquois de la région, à l’endroit où se trouve Kingston aujourd’hui. La construction du fort commença le lendemain. En une semaine, le fort fait de bois était complètement terminé et Frontenac rentra à Montréal, le laissant à la charge de René-Robert Cavelier, Sieur de la Salle et d’une garnison d’hommes. La Salle étant un explorateur, le Fort Frontenac était pour lui l’endroit idéal pour partir ses explorations. En 1675, après avoir demandé avec succès les droits seigneuriaux du fort au roi, (qui en avait reconnu les avantages), La Salle décida de complètement le reconstruire.

Il fit monter trois murs de pierre et une palissade de bois, quatre grands bastions, des quartiers pour les officiers, un puit, et même une grange pour des vaches. Autour des murs, il y avait une petite colonie de familles françaises et autochtones, ainsi qu’une petite chapelle. La Salle utilisait souvent le poste comme endroit pour se reposer entre deux voyages au sud. En réalité, il était parti si souvent qu’en 1683 le successeur de Frontenac, le Gouverneur La Barre, décida de s’emparer du fort sous le prétexte que La Salle l’avait abandonné. Le roi, toutefois, entendit la plainte de La Salle et demanda à La Barre de rendre le fort à son seigneur légitime.

Pendant les années qui suivirent, le fort servit d’entrepôt pour la traite de fourrures jusqu’à-ce-que le prochain gouverneur, De Denonville, le rénova et le fortifia pour s’assurer de sa sécurité contre des attaques des Iroquois. Le fort servit de prison pendant la guerre entre les Français et les Iroquois et en septembre 1687, les Iroquois prirent le fort d’assaut et y restèrent pendant un mois. En 1689, il y eut une épidémie de scorbut, ce qui affaiblit le pouvoir défensif du fort. A cause de cela et des assauts répétés des Iroquois contre le fort, le Gouverneur Denonville envoya l’ordre de détruire le fort. Le groupe personnes qui y résidaient devait revenir au Québec, à moins que le commandant ne reçoive d’autres ordres avant le mois de novembre. En octobre 1689, Denonville fut remplacé en tant que Gouverneur par le Comte Frontenac, tout juste arrivé à Québec. Quand le Gouverneur Frontenac entendit que son précieux fort était sur le point d’être détruit et abandonné, il envoya des hommes pour essayer d’en arrêter la destruction, mais ils se heutèrent aux hommes du Fort Frontenac suivant les ordres de Denonville.

Frontenac et l’Intendant Français de Champigny débâtèrent longuement pour décider ou non de la reconstruction du Fort. Frontenac croyait que c’était un poste important dans la traite de fourrures et la défense de la colonie française. Champigny, de son côté, pensait que reconstruire le fort était une perte de temps et d’argent. Frontenac finit par gagner le débat à la fin et en juillet 1695, il envoya 700 hommes reconstruire le fort. La guerre entre les Français et les Iroquois, qui entre-temps perdurait, se termina en 1701, trois ans après la mort du Gouverneur Frontenac.

Après sa mort, le Fort Frontenac devint de moins en moins important pour les Français, pas plus qu’un simple entrepôt à fourrures. Dans les années 1750, les Anglais commençant à devenir une menace importante pour la colonie française, les munitions et les réserves de nourriture du fort furent réapprovisionnées et une garnison de 70 soldats furent envoyés pour aider à sa défense en 1753. Même si le Fort Frontenac servit de base pour les attaques des Français contre les forts anglais autour du Lac Ontario, ce n’est qu’en 1758 que le fort lui-même fut attaqué.

En juillet 1758, le message que les Anglais, dirigés par le lieutenant-commandant John Bradstreet, étaient en train de planifier une attaque contre le Fort arriva. Le capitaine Noyan, commandant du fort, envoya une requête d’aide à Québec, demandant qu’on lui envoie des renforts pour aider à défendre le fort de l’assaut des Anglais. Malheureusement pour les Français, l’appel à l’aide arriva trop tard. Les renforts quittèrent le Québec deux jours après que les Anglais arrivèrent près du fort, en aout 1758. Sans renforts, Noyan ne pouvait que se rendre aux Anglais, le 28 aout 1758. Le même jour, le lieutenant-colonel Bradstreet laissa les Français, qui habitaient encore autour du fort, rentrer en paix à Québec. Le Fort fut détruit dans les flammes cette nuit-là. C’est avec cet acte que le règne des Français sur la région de Cataraqui se termina.

Bien qu’il y eut quelques essais des Français de reconstruire le fort les mois qui suivirent, ces efforts échouèrent, du fait que les Français étaient encore en guerre contre les Anglais dans d’autres parties de l’Ontario et du Québec. La chute de la Ville de Québec le 18 septembre 1759 poussa les Français à abandonner l’idée de retaper les forts qu’ils perdirent pendant la guerre. On peut se souvenir du Fort Frontenac, cependant, en tant que site d’importance commerciale, diplomatique, religieuse et militaire dans l’histoire francophone de Kingston. Comme Léopold Lamontagne le dit dans son livre à propos de l’histoire francophone de cette ville, « les ruines visibles qui en restent témoigneront toujours de son influence passée ».

1Léopold Lamontagne, Kingston : son héritage français, p. 71-80, 87

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Tête-de-Pont
Snow Redoubt Tête-de-Pont
Les vestiges du premier Fort Frontenac. Photo: Sophie Perrad
Les vestiges du premier Fort Frontenac. Photo: Sophie Perrad
Les vestiges du premier Fort Frontenac. Photo: Sophie Perrad
Les vestiges du premier Fort Frontenac. Photo: Sophie Perrad
Fort Frontenac en 1758
Fort Frontenac en 1758

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